Guillaume Berthier

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Guillaume Berthier – juillet 2021, partie 6

Publié 28 juillet 2021 par Sharon et Nunzi

Guillaume avait cependant une piste, mais il se gardait bien d’en révéler la teneur à ceux qu’il interrogeait. Seul son adjoint était au courant, et il le disait lui-même : cela se tenait. Pour l’instant, il interrogeait Christophe de Fournier, le fils du libraire, et, il ne savait pas pourquoi, sa tête lui disait quelque chose.
– Normal. Je suis le compagnon de Loïc, le maire de Sacaille.
Tout s’éclaircit subitement dans l’esprit de Guillaume.
– Ce que je vous dis là, vous ne le lui répèterez pas ?
Guillaume dit que non, bien, enfin ! Ni à son père.
– Oh, mon père, je m’en fiche, il est au courant. Non, je suis là encore huit jours – si ce n’est plus. C’est le temps que Loïc se remette de ce qui s’est passé à Sacaille le 14 juillet.
Guillaume ignorait ce qui s’était passé.
– Vous avez bien de la chance. Le correspondant du Canard local et les participants ont préféré se taire, je suppose. Disons que le correspondant a été très très traumatisé. C’était le traditionnel tir au canon du 14 juillet dans la cour de la mairie de Sacaille. Alors on ne sait toujours pas comment Jean-Robert a fait pour rater son coup, mais son tir a détruit le pilier droit du portail de la mairie, qui s’est effondré, forcément. Loïc a été très secoué, tellement secoué que sa soeur l’a pris sous son aile et qu’il est chez elle, dorloté par elle et par ses nièces chéries.
– Et sa soeur ne vous aime pas.
– Si, si, Lise-Urielle m’aime bien. Ses filles aussi. Mais elles mangent uniquement du vert !
– Elles sont végétariennes, comme leur frère.
– Non, elles ne mangent que des aliments de couleur verte, même au petit déjeuner ! Elles avalent une boisson lait d’avoine avec du thé matcha dedans, c’est affreux ! Rien que l’odeur, j’ai mal au cœur. Le midi, souvent, c’est brocoli, sa nièce en raffole ! Elle colle de la menthe partout ! Bref, mon père a une sciatique douloureuse, c’est vrai, qui nécessite mon aide pour tenir la librairie, c’est faux, mais ça a marché ! Pendant que Loïc se retape à coup de thé vert, je me retape à coup de pommes de terre.
Chris (seul mon père m’appelle Christophe) exposa une idée qu’il avait eu. Bizarrement, elle rejoignait la théorie et les indices recueillis par le commandant, mais chut ! Leurs cogitations furent interrompues par un « bip » strident. Chris avait reçu un sms du maire de Sacaille. Il sourit. Il le partagea avec Guillaume :
« Je rentre à la maison. Je fais des frites. »
Le retour à l’essentiel.
 

Guillaume Berthier, juillet 2021 – cinquième partie

Publié 25 juillet 2021 par Sharon et Nunzi

Guillaume Berthier se disait que répéter à quel point chaque interrogatoire avait été inutile irait plus vite. Le directeur du cinéma ? Il n’avait pas quitté le cinéma de 13 h 30 à 23 heures. Non, il n’était pas sorti pour voir sa voiture, pas même pour prendre l’air. IL n’aimait pas l’air ! Manger ? Il amenait son panier repas.
L’acharnement du capitaine avait tout de même permis de trouver un autre témoin, dont les propos avaient été tout aussi utile.
– J’ai commencé à chercher Bastien à 18 heures. Parce que sa mère me l’avait demandé. Parce qu’elle ne se voyait pas sortir le chercher avec ses deux autres enfants sous le bras. Disons que Bastien a fait une grosse bétise et depuis, il a des règles strictes qu’il enfreint un jour sur deux. Donc je l’ai cherché, et je l’ai trouvé au lavoir à 18 h 30. Oui, je connais l’heure parce que j’ai envoyé un sms à sa mère. Oui, j’ai vu quelqu’un sur le chemin du retour. Non, parce que Bastien, il se comportait exactement comme le copain bien lourd et bien bourré que l’on doit évacuer de discothèque avant qu’il ne vomisse partout – peut-être parce qu’il était exactement dans cet état-là ! Le libraire était sur le seuil de sa librairie et il a appelé son fils qui m’a aidé à ramener Bastien chez lui. Oui, je sais pourquoi il a demandé à son fils : il est bien plus costaud que son père. Il m’a même dit sur le chemin qu’il aurait fait n’importe quoi pour quitter la librairie. Il donne un coup de main à son père et cela l’ennuie.

Guillaume en était là de ses ruminations quand il reçut un appel de madame Cuisnier, qui travaillait toujours à mi-temps au musée.
– Commandant Berthier ? Je crains que monsieur le directeur ne soit en train de perdre son calme de manière très spectaculaire.
– Excusez-moi madame Cuisnier mais quel est le bruit que j’entends ?
– C’est monsieur le directeur. Il cherche un passage secret. Il cogne les murs et les planchers pour tenter de le trouver. Parce que j’ai tout de même une bonne nouvelle à vous annoncer : la sculpture est revenue sur le socle où elle était exposée. C’est justement pour cette raison que monsieur le directeur a malencontreusement égaré son calme.

Deux heures plus tard, deux cents quatre-vingt-deux vociférations plus tard, Guillaume avait réussi à comprendre ce que le directeur lui disait. Pour lui, c’était Christophe de Fournier qui avait volé la statue.
– Mais pourquoi ?
– Pour me faire ch*** ! (Vous aurez compris ce qu’il a dit). Son père est le président des amis du musée, je suis sûr qu’il veut me faire virer ! Quoi de mieux que de me discréditer !

Bon. Forcément, il fallut interroger Jean-Aymard de Fournier, libraire de son état, donc l’élégance évoquait plus un gentleman anglais qu’un immonde comploteur. Il se déclara « surpris » avant d’ajouter « choqué ».
– Je m’entretiens avec le directeur quatre fois par an. Je suis toujours avide de présenter de nouvelles idées pour valoriser le musée. Le directeur apprécie peu mes idées.
En revanche, le commandant Berthier trouvait assez sympa l’idée d’y ouvrir un salon de thé.
– Nommer un nouveau directeur ne fait pas partie de mes prérogatives. Je serai même incapable de suggérer le nom d’une personne qui pourrait occuper ce poste. Je crains de ne pouvoir vous être plus utile.

Guillaume Berthier – juillet 2021 – 4e partie

Publié 16 juillet 2021 par Sharon et Nunzi

Si, si, Guillaume Berthier était désormais à fond dans son enquête. Grâce à de savants calculs (du moins, c’est ce qu’il avait dit à son adjoint), il avait déterminé que les lycéens qui avaient fait du lavoir municipal leur point de chute, leur point de rencontre, leur point de beuverie aussi, avaient une vue imprenable sur la fenêtre de la salle dans laquelle la statue avait été volée.

Le seul et unique « témoin » qui avait pu être trouvé n’était pas très frais, en dépit de son jeune âge – dix-huit ans, qu’il avait fêté en consommant des substances illicites pour lesquelles il subirait un nouvel interrogatoire quand il serait sorti de l’hôpital où ses parents l’avaient envoyé dare-dare. Ses dernières paroles avaient été « tout plaquer pour élever des licornes ».

Non, parce que… le témoin (appelons-le Bastien, tant pis pour lui) avait dit que le voleur portait un costume de Batman et était monté sur une licorne à oreilles roses, alors que son complice, qui portait un costume d’Iron-Man, montant une licorne aux oreilles vertes. Limpide.

– Ce n’est pas que cela ne nous aide pas. L’on peut cependant retenir que le voleur avait un complice, qu’ils étaient sans doute vêtus de noir et de rouges.
– Et pour les licornes ?
– Suivez-moi.

Le commandant amena son adjoint au lavoir. Là, étaient garées les voitures du voisinage. L’une d’elles avait, accroché au rétroviseur, une petite licorne en peluche et un mini-Batman.
– Si vous regardez de très près, vous verrez que les oreilles sont roses. Non, je n’accuse pas le propriétaire de la voiture d’être le voleur, je vous rassure tout de suite. J’ai simplement trouvé la source d’inspiration de notre charmant adolescent.
– Et à qui appartient cette voiture ?
– Au directeur du cinéma de la ville. Venez l’interroger avec moi. Par acquit de conscience, entendons-nous.

Guillaume Berthier – juillet 2021 3ème partie

Publié 11 juillet 2021 par Sharon et Nunzi

« – Commandant Berthier, je ne veux pas dire, mais vous ne mettez pas d’allant à cette nouvelle enquête.
– Capitaine Legrice, je vous aime bien. Cependant, votre fantôme n’a rien de mieux à faire ?
– Aujourd’hui, non. Puis, une enquête peu dangereuse, c’est sympa. »

Feu le capitaine Legrice sur ses talons, Guillaume Berthier retourna sur les lieux du vol.
– Qui a eu l’idée de transformer ce bâtiment en musée ?
– Quelqu’un qui voulait un musée dans cette ville. Une rue des plus calmes a été choisie. C’est l’ancienne demeure d’un notaire, mort en 1924. C’est à la libération que ses descendantes ont cédé cette maison à la ville pour qu’elle devienne notre musée des Beaux-Arts.

Les relevés d’empreintes ? Magique comme tout le monde aujourd’hui connaît ce procédé. Soit il n’y en avait pas, soit il y en avait trop. Le capitaine avait cru l’enquête résolue en découvrant un beau jeu d’empreintes sur le rebord de la fenêtre – celle du gardien.
– Les dix doigts, appuyés fermement ? Il aurait tenu la sculpture entre ses dents ou en équilibre sur la tpete ?
C’était pourtant d’une simplicité exquise : le gardien, Simon Tiersal, s’ennuyait énormément et ne s’en cachait absolument pas. Alors, quand il n’y avait aucun visiteur dans les salles du premier étage, il s’appuyait sur le rebord de la fenêtre, toujours ouverte pendant la « belle saison » et regardait ce qui se passait dans la cour intérieure, qui menait au second bâtiment du musée. Soyons clair : il ne se passait jamais rien. Prendre l’air était plus agréable, c’est tout. Puis, il se replongeait ainsi dans son élément naturel, c’est à dire réfléchir plus commodément aux prochains entraînement de ses poussins, à leurs prochains matchs. L’équipe était au milieu du classement, et il ne souhaitait pas qu’ils déméritent.

La dame de l’accueil fut à nouveau cuisinée. Elle avoua s’ennuyer énormément, encore plus que quand elle ne travaillait âs. Non, elle ne songeait pas à démissionner. Quitte à s’ennuyer, elle préférait être payée pour cela.
Elle ne se souvenait pas forcément des visiteurs. Elle se souvenait cependant qu’aucun n’avait attiré son attention. Puis, comme elle devait noter les codes postaux de leur habitation, elle pouvait certifier qu’ils étaient tous de la région. Non, aucun n’était venu deux fois, s’agaça-t-elle, cela aussi aurait attiré son attention.
– Quand on a vu l’exposition une fois, on n’a pas nécessairement envie de la voir deux !

Tanpuech serait présent le lendemain, pour la réouverture du musée. Il donnerait une interview à la presse.
– Je croyais que les journaux n’avaient pas été mis au courant.
– C’est le cas. C’est pour cette raison que, pour détourner l’attention d’un événement que tout le monde ignore, Tanpuech nous fait l’honneur de donner une grande interview à notre Canard Local (note du commandant : oui, le journal s’appelle bien ainsi « Canard local ».)
Le sculpteur ne demanda même pas que la sécurité du musée soit renforcée. Si tant est qu’il y avait vraiment une sécurité dans ce musée. Ce n’est pas que l’alarme avait prouvé son inefficacité, c’est plutôt qu’elle avait prouvé que personne ne faisait attention à elle quand elle se déclenchait, eu égard à ses multiples dysfonctionnements.
– Il serait presque drôle, souligna Tanpuech, qu’un second vol ait lieu. Presque, insista-t-il en voyant l’air furieux du conservateur. Ce col est une grande première pour moi aussi, je vous le rappelle, je veux comprendre le pourquoi de ce larcin.
– Vous me semblez extraordinairement serein, tonna le conservateur.
– Oui. Je ne vais pas vous dire « non », c’est « oui ». Je viens de terminer mon ultime sculpture pour ma prochaine exposition. Je me sens soulagé d’avoir réussi à terminer à temps. Le vol n’est pas de mon ressort, il n’est pas arrivé chez moi, dans mon atelier, il n’est pas arrivé pendant le transport des sculptures que j’ai faites. Par conséquent, oui, je suis serein parce que je n’y suis pour rien. Et comme je ne suis pas policier, je n’ai même pas à enquêter. Donc, oui, je me répète, je suis serein. Et je reprendrai bien une tasse de ce délicieux thé que madame Cuisner nous a apporté.
Pour ceux qui se demandent « mais qui est madame Cuisner ? » c’est la « dame de l’accueil ». Il était temps que quelqu’un l’appelle enfin par son nom, n’est-ce pas ?

Guillaume Berthier VI

Publié 28 avril 2019 par Sharon et Nunzi

– Je n’irai pas jusqu’à dire que l’enquête a été bâclée, pestait le lieutenant Daguerre, mais presque !
Guillaume Berthier, lui, était plus raisonnable.
– Comment penser que le mobile d’un meurtre était à chercher des années plus tôt dans le passé de Mathilde ? Ce n’est pas aussi évident que vous semblez le penser. Puis, nous avons simplement une piste, pas une résolution.
– Et vous-même, contre-attaqua le lieutenant Daguerre, vous ne vous êtes jamais questionné sur le passé de votre compagne.
Guillaume marqua une pause. Daguerre crut qu’il prenait le temps de la réflexion jusqu’à ce qu’il se rende compte que Guillaume le fixait de ses yeux devenus presque noirs.
– Il est facile de parler avec le recul du temps. Si Victoria n’était pas née, je n’aurai jamais revu Mathilde – ou alors, par hasard. Nous n’avons même jamais emménagé ensemble, et nous nous sommes séparés par incompatibilité d’humeur et de projet commun. Quand je l’ai connu, Mathilde donnait des cours de dessins dans les écoles, les maisons de retraite et répondait à quelques commandes, de temps en temps. Elle n’avait rien de l’artiste bordeline décrite par Thomas Massart.
– Oui, mais elle se droguait.
Guillaume éclata de rire. Expérience à éviter farouchement.
– Non. Vous oubliez que je suis allée au tribunal pour obtenir la garde partagée de ma fille. Alors oui, un revendeur a été arrêté dans l’immeuble où elle vit. Vous savez combien il contient d’appartement ? Trente-quatre ! On ne va pas rendre responsable chacun des habitants pour les agissements d’un seul. Cela aurait été tellement facile, n’est-ce pas, de penser qu’elle a été tuée parce qu’elle dealait. Ne transformez pas les victimes en coupable.
Je ne suis pas un artiste, reprit Guillaume, et je m’y connais plus en littérature ukrainienne qu’en sculpture – facile, me direz-vous. Donc cet « Angledur », mis à part qu’il a un pseudo à mourir de rire, cela ne me dit absolument rien.
En revanche, s’il est une personne qui est responsable de ma descente aux presque Enfers, de ma grosse déprime, ce n’est pas Mathilde, c’est la fille avec qui je suis sorti après elle, celle qui m’a trompée avec mon co-équipier. Et je déteste radoter. Ce n’est pas, et cela n’a jamais été mon enquête. Par contre, c’est la vôtre. Alors, lieutenant Daguerre…
– Oui, je sais ce qui me reste à faire.

Guillaume IV

Publié 6 avril 2019 par Sharon et Nunzi

Franchement parfois, on se dit que dans une enquête, on merdoie. C’est ce que se disait Camille Daguerre, et il avait eu vite fait de retrouver les détails sur la mort de ce Julien Massart. Ancien élève des beaux-arts, comme Mathilde. L’affaire avait été classée très vite, le suicide ne faisait aucun doute. Certes, il n’avait pas laissé de lettres, cependant les témoins étaient formels – et Daguerre très étonné de ne pas trouver le témoignage de Mathilde Courseau.
Julien Massart avait deux frères – toujours utile, les faire-part de décès – et un père. Oui, je sais ce que vous allez me dire, c’est terriblement logique d’écrire ainsi, si ce n’est que sa mère était déjà décédée, et qu’il était enterré auprès d’elle.
Comment allez interroger ses frères, maintenant ?
Et pourquoi, lors de l’enquête sur la mort de Mathilde Courseau, cette histoire n’était-elle pas ressortie ?

Daguerre avait dit abruptement à Guillaume Berthier :
– Le nom de Massart vous dit-il quelque chose ?
– Oui.
– ?????
– Céline Massart, c’est le nom de la professeur des écoles de CE2 de Victoria.
– Vous avez mené une enquête sur elle ?
– Mais oui, bien sûr lieutenant, j’ai toujours enquêté sur les profs de mes filles. Vous me prenez pour qui Daguerre ?
– Euh, désolée.
– Il n’y a pas de quoi. Vous avez une mère, Daguerre ?
– Oui. C’est quoi, cette question ?
– Moi aussi. Marina Berthier, institutrice à la retraite. Et vous savez de quoi parle une institutrice à la retraite à une professeure des écoles en activité ? Oui, du métier d’institutrice ! C’est comme ça que je sais que Céline Massart est mariée – ma mère s’est bien gardée de lui dire qu’elle ne l’a jamais été – qu’elle a deux enfants, de quatre et deux ans, prénommé Julia et Théodore.
Daguerre sursauta. Oui, il pouvait s’agir d’une simple coïncidence, mais…
– Ma mère va chercher Victoria tous les soirs, parce qu’elle est à la retraite, parce que cela évite à Alice de se déplacer le soir, parce que cela la laisse active, parce qu’elle a la chance d’être trois fois grand-mère, etc, etc… Quand ma mère et ses soeurs ont quitté l’Ukraine, elles étaient très jeunes, et ma mère a cru que jamais elle n’aurait une vie normale. Sa vie a, m’a-t-elle dit, dépassé toutes ses espérances.
– Et votre mère connaître-t-elle le mari de cette charmante prof ?
– Elle sait qu’il exerce une profession barbante, j’en déduis donc qu’il travaille dans une banque. Pardon pour les banquiers, mais ma mère a toujours trouvé cela barbant, le métier qu’elle n’aurait jamais voulu faire – et que mon cousin Boris a longtemps exercé, c’est vous dire le fossé entre ma mère et sa soeur aînée.

Etape suivante, la mère de Guillaume Berthier qui, comme son fils, avait une mémoire épatante.
– Il était à la kermesse. Mais si Guillaume, il y était. Tu ne l’as sans doute pas vu, tu ne lui as pas parlé – Guillaume peut être frappé de mutisme de manière incompréhensible, mais je peux te dire qu’il était là avec son fils et son frère. Lieutenant Daguerre, un problème avec le fauteuil que vous vous agitiez ainsi ? Ou alors, c’est mon café qui est trop fort ?
Le lieutenant la rassura, il était simplement dans son état normal.
– Céline a tenu à nous présenter parce que son beau-frère prépare une thèse sur la Russie tsariste. Je me contrefous de la Russie tsariste, je suis ukrainienne de naissance. J’ai écouté poliment, je crois que j’ai été aussi muette que Guillaume, c’est dire. Puis Juliette est arrivée et m’a sauvée de cette galère. Mathieu Massart – le beau-frère de Céline donc- enfile les clichés comme d’autres des perles. Il m’a dit que Juliette me ressemblait beaucoup, et que Victoria était le portrait de sa maman. Juliette n’a rien dit, forcément, Victoria, par contre, a dit qu’Alice n’était pas sa mère, mais sa belle-mère. Ce cher Mathieu ne savait pas où se mettre. Je crois que c’est le prénom qui veut cela, tous les Mathieu que j’ai connus étaient d’immenses gaffeurs. Et comme si la journée n’était déjà pas assez compliquée comme cela, qu’est-ce qui pointe le bout de son nez, Mathieu Delaporte !
– Hum ?
– Ancien coéquipier de Guillaume, qui l’a généreusement cocufié.
– La tête qu’il faisait ! Non, parce que son fils est dans la même école que les filles de Guillaume. Comme le temps passe !
– Je crois, ajouta Guillaume, que tous les policiers ou presque ont mis leurs enfants dans une école privée, alors…
– Bref, nous avions vraiment gagné notre journée.

Introspection – Guillaume Berthier, le retour

Publié 1 décembre 2018 par Sharon et Nunzi

Vie paisible.
C’est ce que l’on pourrait dire.
Instructeur détaché à la police, etc, etc…
Vie sans danger.
On ne risque pas grand chose.
Quel ennui.
– Pourquoi vous avez cessé d’être flic ?
– Commandant, pas flic.
On ne cesse jamais en fait.
Guillaume se tournait et se retournait sur le canapé.
Non, il n’était pas là pour cause de scène de ménage.
Alice et leurs filles étaient chez son frère, pour le week-end. Un long week-end, du vendredi soir au lundi matin.
Ce n’était pas les affaires résolues qui le rongeaient, non, c’était celles qu’il n’avait pu résoudre.
Certes, il n’était pas chargé de toutes. Il avait été dessaisi de l’enquête quand son cousin Benjamin s’était retrouvé le premier suspect. Il n’était plus suspect, non, mais on ne savait toujours pas qui avait tué cette actrice dont le talent était moindre. On savait qui avait agressé Benjamin et l’avait plongé quinze jours dans le comas. Maigre consolation.
Jamais n’avait été trouvé non plus celui qui avait agressé sa soeur. La piste trouvée s’était vite refroidie. Guillaume n’était pas assez égocentré pour penser que quelqu’un lui en voulait à lui, personnellement. Il ressentait cependant que la violence qu’il côtoyait dans son métier avait fait irruption dans sa vie personnelle.
Restait la dernière affaire, celle qu’il n’avait pu résoudre, et que, d’ailleurs, personne ne se donnait réellement la peine de résoudre.
Et un autre demi-tour sur le canapé.
Ce n’était pas la peine de lui dire de ne pas s’en faire, et d’ailleurs, Aliénor, qui le connaissait bien, ne le lui avait jamais dit.
S’il pensait à ses affaires-là, c’est pour éviter de penser à la lettre qu’il avait reçu ce matin.
Si elle était arrivée hier, il aurait demandé à Alice de rester – ou peut-être pas.
Antoine, son ancien lieutenant, était mort. Il n’avait pas de famille. C’était Guillaume qui était chargé de faire respecter ses dernières volontés. Très soignées, très précises. mMerci Antoine d’avoir pensé à moi.
Antoine. Pas mort en service, non, mort en prison pour tentatives d’homicide volontaire.
Guillaume se préférait apathique, sinon, il laisserait la colère, qu’il n’avait pourtant jamais éprouvé jusqu’à présent, le déborder.
Guillaume avait choisi la vie de tout temps. Malgré tout.
Résister à la tentation d’en parler à Imogène, qui préparait le mariage de sa petite soeur « bien plus simple que celui d’Elinor »;
Résister à la tentation d’en parler à Percy.
Résister à la tentation d’en parler tout court.

Les bonnes histoires de tonton Guillaume Berthier

Publié 23 octobre 2017 par Sharon et Nunzi

Il était une fois un hamster qui se nommait Illustre – oui, comme l’écrivain qui squatte au Tas de Pierre. Illustre, il en avait plus qu’assez de vivre dans sa nouvelle cage dans laquelle il vivait depuis trois heures. Il a donc dévissé un barreau avec ses petites papattes. Si, c’est possible, j’en connais un qui l’a fait.

Il décida donc de découvrir le monde et se coinça derrière une armoire. Heureusement, grâce à l’aide de deux gentilles personnes, il fut décoincé et remis fissa dans sa cage, après que le barreau a été ressoudé – bien la moindre des choses, n’est-ce pas ?

Il ne renonça pourtant pas, et après avoir tourné, tourné, tourné dans sa roue pendant plusieurs heures, avoir mangé, dormi, et retourné dans sa roue, il réussit à se sauver.

Pas de bol : il était quinze heures. Pas de bol bis : les louveteaux garous étaient en cours. Oui, les louveteaux garous existent, demande à ton grand-père. Ils existent dans les livres, dans les livres, tout existe – même des monstres gentils. On voit que tu n’as pas connu l’île aux enfants. D’ailleurs, Juliette a bien dit que si elle avait un garçon, elle l’appellerait Casimir ou Hippolyte.

Revenons à notre hamster : il traversa donc en courant sur ses petites papattes la salle de classe et trente louveteaux se mirent à courir après lui.

Oui, il s’en est sorti en sortant de la salle. Il aurait rencontré une autre hamster mais ceci est une autre histoire.

Retour à l’écriture – des nouvelles du Tas de pierre

Publié 7 octobre 2017 par Sharon et Nunzi

Comment vont Percy, fier highlander et Alexandre Legrand, illustre écrivain ? Vous le saurez en lisant les nouvelles que Percy donne à Guillaume Berthier

Coucou Guillaume
Tout d’abord, ravi de savoir que tout va bien pour toi. Comme quoi, parfois, il faut avoir le courage de changer de voie professionnelle. Merci également pour les photos d’Aliénor, elle ressemble beaucoup à sa maman.
Ici, rien de spécial à signaler. il pleut, la distillerie se porte bien, le journal des chasseurs de fantôme aussi.
Notre illustre écrivain va beaucoup mieux. Il a pris la décision de ne plus être romancier et il se sent « libéré, délivré » depuis qu’il ne se sent plus dans l’obligation d’écrire un nouveau roman. Du coup, il profite de la vie, fait du yoga, de la cuisine – il nous a bien aidés pour les confitures de la saison – et même de la couture. Et bien sûr, il écrit l’histoire d’un homme qui a pris conscience que le dernier roman publié resterait à tout jamais le dernier. En bref,il écrit toujours, mais sans plus penser à être publié.
@bientôt
Perceval James Andrew McKellen

Percy – direction la France !

Publié 16 août 2017 par Sharon et Nunzi

Percy quitta le Tas de Pierre, Winston son bouledogue sous le bras, pour se rendre en France. Quelle nouvelle l’entraînait là bas ? Rendre visite à sa soeur qu’il n’avait pas vu depuis quinze jours ? Non ! Rendre visite à Aliénor Alice Ludmilla Berthier, deux mois, fille de Guillaume et Alice Berthier.
– Un bouledogue en peluche ? Merci beaucoup ! s’exclama Alice.
Oui, Percy avait tenu à attendre un peu avant de les visiter. Tout le monde avait dû se bousculer.
– Je confirme, dit Guillaume. Et tout le monde se bouscule toujours, je vous rassure. Aliénor a trois cousins du côté d’Alice, un quatrième naîtra dans six mois, elle aura beaucoup de camarades de jeu. Et si tout va bien, un petit frère ou une petite soeur dans moins de trois ans.
– Oui, précisa Alice, je voudrai que nos enfants n’aient pas d’écart d’âge trop important. Je m’entends tellement bien avec mes frères.
– Et Guillaume avec Juliette.
– Juliette avait trois ans quand elle a été adoptée et moi six. J’étais suffisamment grand pour dire que j’aurai préféré un chien plutôt qu’une soeur. J’en ai eu un, du coup.
Plus tard, alors qu’ils prenaient le thé… et bien au salon de thé de Juliette, après qu’elle a demandé et obtenu toutes les nouvelles de sa nièce, Percy demanda à Guillaume s’il ne regrettait pas son ancien métier.
– Pas du tout. Instructeur me convient parfaitement. Mais je ne suis que « détaché » pour l’instant. Et je sais que certaines fichues enquêtes piétinent toujours. Mon retour n’y changerait rien, elle piétinait déjà quand j’étais là.