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Tous les articles du mois de septembre 2012

Guillume Berthier, chapitre 4

Publié 30 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Quinze jours étaient passés depuis nos aventures nocturnes, puis quinze autres. Tout allait pour le moins pire possible au SRPJ. Nous avions arrêté l’agresseur présumé de Nicolas Gauthier, nous avions même arrêté le meurtrier présumé de son associé, et avions découvert, non sans stupéfaction, que les deux affaires n’étaient pas liées. J’avais revu Imogène d’Arcy à plusieurs reprises, elle avait toujours refuser d me raconter en détails ce qui s’était passé ce soir-là.

« – Il est des secrets qu’il vaut mieux de pas partager. »

Cette phrase était devenue son refrain.  Je lui sus gré néanmoins d’avoir aidé ma soeur à trouver un nouvel emploi : son salon de thé préféré cherchait une nouvelle serveuse, l’ancienne étant partie puisqu’elle avait refusé de servir un client.

– Il était grossier, violent ?

– Non, juste tatoué et piercé.

Elle m’a raconté cependant qu’elle se faisait du souci pour un de ses frères, qui se remettait difficilement d’une peine de coeur. Je regrettais après coup de ne pas lui avoir demandé combien de frères et soeurs elle avait, habitué que j’étais à n’avoir qu’une soeur. Pris d’une inspiration subite, je lui dis simplement :

– Vos parents savent, pour vos visions ?

– Mon père a grandi dans un gos tas de pierres humides en Ecosse. Ma mère a grandi dans un autre tas de pierres, moins gros mais tout aussi humide, près d’Inverness. Les fantômes ont fait partie de leur enfance.

En ce vendredi matin, veille d’un week-end que j’espère agréable, je rédigeai un rapport d’un ennui abyssale quand Pierre fit irruption ans mon bureau.

– Un forcené a pris en otage un notaire et ses clercs.

Est-il nécessaire de préciser qu’un nom me vint immédiatement à l’esprit ?

Quand nous arrivâmes, les pompiers étaient déjà là, ils embarquaient le forcené, saucissonné, blessé, et pas en état d’être interrogé sur ses motivations. Je reconnus François de Magny, dont un infirmier soignait une plaie à la tête. Imogène était assise dans le camion des pompiers et…

– J’ai pris une balle dans le bras.

– Et tu dis cela comme ça ?

Elle haussa les épaules et grimaça.

– Je guérirai vite, l’ose n’est pas touché – un coup de chance, j’ai si peu de muscle.

– Tandis que j’y suis, quand vas-tu épouser François ?

– Quand il ne sera plus le petit ami de mon frère, et comme ils viennent tout juste de…

Heureusement, quelqu’un m’a retenu, car je crois que j’ai eu un léger moment d’absence. Sinon, j’étais bon pour un nouveau petit séjour à l’hôpital, au minimum, je n’osais imaginer le maximum ?

Imogène était à ma droite, un inconnu, portant d’épaisses lunettes de soleil à ma gauche.

– Vous êtes un excellent enquêteur, Guillaume. Il est cependant des relations qui vous échappent.

L’inconnu m’aida à me relever et Imogène ne fit pas les présentations. Elle refusa de passer la nuit à l’hôpital (pour observer quoi ? Retarder le moment de l’interrogatoire ?) et accepta de répondre immédiatement à nos questions. Sauf que ces réponses étaient plutôt succinctes. Il apparaissait qu’elle ne savait rien, ce qui eut le don d’exaspérer le malheureux chargé de l’interroger. Bienvenue au club, voici un mois que j’attendais des réponses. Le malheureux se nommait Marc et venait tout droit d’une autre brigade que la nôtre (Hectoria, notre divisionnaire, était trop proche de la victime, n’est-ce pas ?)

– Ils se fichent de nous, tous. Ils disent exactement la même chose. Ce Loïc de Varèse est entré dans le cabinet, a demandé à voir maître de Magny, il est entré dans son bureau puis a fermé la porte. Au bout de quelques minutes, des éclats de voix ont retenti, puis un coup de feu. Ils se sont précipités dans le bureau pour secourir le notaire pendant que la première clerc appelait police et pompiers, elle est entrée à son tour pour s’apercevoir que Loïc de Varèse tenait tout le monde en joue. Il leur a tenu un discours incohérent avant de tirer sur la première clerc. Et vous savez ce qu’elle a fait ?

–  Elle s’est jeté sur lui, l’a désarmé et mis hors d’état de nuire. Les pompiers sont arrivés juste après, et nous avec, nous n’avons eu qu’à le cueillir.

– Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ? Comment le savez-vous ? Vous êtes entré vous aussi dans le bureau ?

Non. Mais je connaissais suffisamment Imogène pour savoir qu’elle en était capable. Il nous restait à découvrir le mystérieux mobile du turbulent frère d’Emilie de Varèse. Le jour n’était pas encore couché, je comptais bien rendre une petite visite amicale à notre chasseuse de fantôme écossaise préférée.

 

 

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Challenge Lilian Jackson Braun

Publié 29 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Je transferre aujourd’hui le challenge qque nous avons fondé Sharon et moi  : le challenge Lilian Jackson Braun.

Cette auteur a écrit une trentaine de romans mettant en scène Jim Qwilleran et ses deux siamois, Yom-Yom (la femelle) et Koko (le mâle) dans le comté (fictif) de Moose.Ce sont des chats siamois mais bon, personne n’est parfait.

En revanche, Qwilleran, lui, est un maître parfait, qui cède à tous les caprices culinaires de ses chats, lui.

Mon but, personnellement, est simple :une auteur dont les héros sont des chats, cela se fête !

Pas de catégorie, pas de limite dans le temps et, bien sûr, la possibilité de combiner ce challenge avec Animaux du monde, organisé par Sharon.

Les inscrits :

Asphodèle
Le chat qui lisait à l’envers

Catherine

Chaplum

Le chat qui faisait la bombe

Charlotte

Sharon

Sylvie

Voici la liste des romans écrits par Lilian Jackson Braun :

  1.  le Chat qui lisait à l’envers (The Cat Who Could Read Backwards)
  2. : le Chat qui mangeait de la laine (The Cat Who Ate Danish Modern)
  3.  le Chat qui aimait la brocante (The Cat Who Turned on and Off)
  4. le Chat qui voyait rouge (The Cat Who Saw Red)
  5.  le Chat qui jouait Brahms (The Cat Who Played Brahms)
  6.  le Chat qui jouait au postier (The Cat Who Played Post Office)
  7. le Chat qui connaissait Shakespeare (The Cat Who Knew Shakespeare)
  8.  le Chat qui sniffait de la colle (The Cat Who Sniffed Glue)
  9. le Chat qui inspectait le sous-sol (The Cat Who Went Underground)
  10. le Chat qui parlait aux fantômes (The Cat Who Talked to Ghosts)
  11.  : le Chat qui vivait haut (The Cat Who Lived High)
  12.  : le Chat qui connaissait un cardinal (The Cat Who Knew a Cardinal)
  13.  : le Chat qui déplaçait des montagnes (The Cat Who Moved a Mountain)
  14.  le Chat qui n’était pas là (The Cat Who Wasn’t There)
  15. : le Chat qui allait au placard (The Cat Who Went into the Closet)
  16.  : le Chat qui jouait aux dominos (The Cat Who Came to Breakfast)
  17.  : le Chat qui donnait un coup de sifflet (The Cat Who Blew the Whistle)
  18.  : le Chat qui disait cheese (The Cat Who Said Cheese)
  19.  : le Chat qui flairait une piste (The Cat Who Tailed a Thief)
  20.  : le Chat qui parlait aux oiseaux (The Cat Who Sang for the Birds)
  21.  : le Chat qui regardait les étoiles (The Cat Who Saw Stars)
  22.  : le Chat qui volait une banque (The Cat Who Robbed a Bank)
  23.  : le Chat qui flairait l’embrouille (The Cat Who Smelled a Rat)
  24.  : le Chat qui remontait la rivière (The Cat Who Went up the Creek)
  25. : le Chat qui cassait la baraque (The Cat Who Brought Down the House)
  26.  : le Chat qui parlait dindon (The Cat Who Talked Turkey)
  27.  : le Chat qui jetait des peaux de banane (The Cat Who Went Bananas)
  28.  : le Chat qui faisait la bombe (The Cat Who Dropped a Bombshell)
  29.  : le Chat qui avait un don (The Cat Who Had 60 Whiskers)
  30.  : (The Cat Who Smelled Smoke) roman inachevé

Non, non, non, non

Publié 29 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Il faut être raisonnable, n’est-ce pas Sharon ?

Alors pas d’adoption. Non, non, non.

Même si ce n’est pas moi qui vais m’en occuper. Non, non, non.

Quelqu’un d’autres va bien les adopter, non ? Non ???

« Elles » devraient arriver dans deux semaines.

Merveilleux.

Qui va s’occuper d’elles ? Elles sont deux. Silver-Luke ?

ou alors Paprika ?

Vous allez voir que cela va encore tomber sur mon frère !

 

Le bébé du chat hypocrite

Publié 26 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Vous êtes un vieux chat et vous devez cohabiter avec un tout jeune chaton trop mignon ? Ce guide Larousse est fait pour vous !!

Déjà, ne vous imaginez pas que l’on ne peut pas vous faire un chaton dans le dos. Demandez-moi, demandez à mes frères naïfs, même stérilisés et obèses vous ne pouvez pas savoir si vos maîtres ne vont pas vous donner un gentil compagnon pour vos vieux jours, afin de vous stimuler.  Mouais. Quand je regarde Chablis, je me dis qu’il n’a pas besoin de moi pour repartir à l’aventure.

Mais revenons à ce charmant Coquette (et oui, les humains ont de l’humour), qui accapare toutes les attentions. Il faut l’é-du-quer, et je dois dire que Roudoudou a été bien plus doué que le chat hypocrite, lui qui enseigne à chaque nouvel arrivant comment se servir de ce lieu intime nommé « bac ». Ici, , le chat hypocrite perfectionne plutôt le don inné de Croquette à faire des bêtises, lui enseigne des trucs très efficaces, et même en prend de la graine. Même moi, j’ai essayé de grimper un jour à un rideau. J’ai même grimpé au sommet des poutres (bon, il a fallu que la maman de Sharon vienne me chercher, maiiiiiiiiiiis je suis montée !!!!). Il a aussi le mérite de lancer des débats intéressants (faut-il se faire les griffes sur du bois ou du tissu ?) et de goûter de nouvelles recettes (les croquettes chaton, c’est dégoûtant, je suis déjà au courant).

Si vous ne connaissez pas, ou si vous ne savez plus quelle bétise faire, n’hésitez pas !

Guillaume Berthier, chapitre 3

Publié 23 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Le lendemain, nous participâmes à une vaste opération, qui ne se termina pas très bien pour moi. Je suis vivant, c’est l’essentiel, néanmoins je me serai bien passé des deux balles qui me touchèrent. Mon co-équipier n’aurait pas été vraiment au bon endroit, aurait été distrait, bref, il reçut un savon exemplaire de la part du divisionnaire, et nous eûmes droit à une enquête interne dont nous nous serions tous volontiers passés : on m’annonça avec ménagement que les résultats de notre descente n’étaient pas du tout ceux qui avait été espérés. Si vous me trouvez dur avec Mathieu Delaporte, vous avez raison, et encore, vous ne savez pas tout. Vous saurez, bientôt, dès que vous aurez lu ses lignes : quand je rentrai hier du château de Nanterry, après avoir partagé un succulent gâteau au chocolat avec les grands-parents de Bérénice, je trouvais ma fiancée (nous devions nous marier deux mois plus tard) au lit avec Mathieu, mon co-équipier.
Il me dit qu’il pouvait tout m’expliquer. Je tournais les talons, sortis, et ne reviens que lorsque je fus sûr de son départ.
Clotilde m’attendait, rhabillée. Elle aussi pouvait tout m’expliquer.
– Pas besoin, j’ai très bien compris.
Je lui demandai de reprendre ses affaires dans la semaine, de me rendre mes clefs (ce n’est qu’à ce moment que je me rendis compte que je n’avais jamais eu les siennes) et de ne plus vouloir s’expliquer : je savais désormais qui se cachait derrière ses fameuses copines qui l’accaparaient tous les dimanches après-midi.

Mais venons-en à ce qui nous intéresse.

A l’hôpital, je reçus de la visite. Je me réveillais et vis au pied de mon lit deux vieilles dames, en robes à crinoline. Je fermai les yeux. Les rouvris. Elles étaient toujours là.
– Je crois qu’ils nous voient.
Flûte. Après avoir reçu les balles, j’étais tombé sur la tête, me fracturant le crâne. Les hallucinations devaient être un effet secondaire. Je me demandais si je ne devrais pas passer un scanner, ou un IRM, ou les deux. Quant à consulter un psychologue, très peu pour moi. Je n’avais aucunement l’intention d’être renvoyé de la police, ou envoyé dans un placard douillet, et je n’avais pas les états de service nécessaires pour devenir divisionnaire. Puis, un divisionnaire toqué, merci bien.
– Guillaume, si vous nous voyez, levez la main droite. Tu vois bien Isabelle : il nous voit.
– Vous êtes Isabelle et Jeanne de Nanterry.
– Oui, merveilleux !!!!!!!
Pas pour moi.
Elles tenaient à me remercier pour ce que je faisais pour Angélique. Pauvre Angélique ! De son vivant, c’était une gourde. Une fois morte, elle était restée une gourde et ne souhaitait qu’une chose : savoir qui avait bien pu la tuer.
– Vous vous rendez compte, elle a été tué à bout portant, c’est bien comme cela que l’on dit, n’est-ce pas ? et elle n’a pas vu son meurtrier. Les bras m’en tombent, s’ils pouvaient tomber. Du coup, chaque fois que nous la croisons – et le monde est assez vaste – elle nous demande si nous n’en savons pas plus. Presque deux cents ans que cela dure, je ne vous raconte pas à quel point c’est lassant.
Elles me souhaitèrent un prompt rétablissement et sortirent… à travers le mur.

Je dus me rendre à l’évidence : le scanner ne révéla rien d’anormal. J’avais eu une légère commotion, pas de quoi fouetter un chat, ou voir des contemporaines de Louis XVIII. Ma sœur, ma mère, même le commandant Gauthier avaient passé de longs moments à mon chevet. Mathieu ne se présenta pas. Clotilde non plus.
– Elle n’ose pas, dit maman, qui adorait sa belle-fille et trouvait que j’avais beaucoup de chance.
– D’être vivant, oui, d’être cocu, non.
– Vous avez de l’humour, vous êtes en bonne voie de guérison.
Zut ! Un autre. Je le connaissais lui aussi, il s’agissait de Louis-Nicolas de Nanterry, le veuf pas joyeux.
– Il est une piste que je n’ai jamais pu explorer car j’ai trouvé deux noms, dans la correspondance d’Angélique : Eric McKellen et Toby d’Arcy. Si cela peut vous aider, j’en serai ravi.
Je ne poursuivai pas, pas pour l’instant, et après ce qui m’était arrivé, le cœur n’y était plus. Je demandai ma mutation au SRPJ de Dijon, pour des raisons familiales – j’étais né à Dijon, j’avais été adopté à l’âge de trois ans, et je préférai encore que ma mère me pousse à chercher mes origines plutôt que de vouloir me rabibocher avec Clotilde. Les quatre années furent mouvementées. Ce n’est qu’au matin de nos aventures communes avec Imogène d’Arcy que je me rappelais ses deux noms, et fit le rapprochement. Serait-elle une lointaine descendante de ces deux hommes ?

Chablis est content

Publié 21 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Je ne sais pas ce qu’il a ce soir mais il est content et il tenait à ce que cela se sache.

Il est actuellement couché sur le dos et ronronne activement.

J’ajoute qu’il a du aller traîner dans des endroits étranges car il sent une drôle d’odeur (le pin ?)

Il rentre tout seul néanmoins, c’est une bonne nouvelle. D’habitude, il faut le pousser, voire le porter pour le faire rentrer.

Book and Tag par Asphodèle !!!

Publié 18 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

J’ai été taguée par Asphodèle. Je lui réponds donc très très vite.

 

…LE LIVRE

…que tu as particulièrement aimé

…qui ne t’a pas plu

Tous les livres dans lesquels les animaux sont maltraités dans l’indifférence générale et tous les livres dans lesquels un personnage déclare haïr les chats. La liste est très longue.

…qui est dans ta PAL

Je n’en ai pas, contrairement à Sharon.

…qui est dans ta wish-list

…auquel tu tiens

Toute la collection des romans de Lilian Jackson Braun.

….Que tu voudrais vendre ou troquer

Aucun !!!

…Que tu n’as pas réussi à terminer

Je compte toujours sur Sharon pour terminer de me lire les livres.

…dont tu n’as pas encore parlé sur ton blog

Beaucoup !

…Que vas-tu lire en Lecture Commune ?

Guillaume Berthier, chapitre 2

Publié 16 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Bérénice sortit son exemplaire des mémoires de son aïeule et commença :

Mercredi 28 juillet :

Nous n’avons pu dormir et il est déjà cinq heures. La terrible scène que nous vécûmes hier nous avait bouleversées. Je sonnais Marianne et lui demandai de réveiller Angélique, de gré, ou de force.
Marianne revint prestement. Angélique n’était ni dans sa chambre, ni dans son boudoir. Elle n’était pas non plus dans la chambre de Louise et Sophie. La nourrice ne savait non plus où était madame la comtesse.

-Etes-vous allés dans la chambre de monsieur le comte ?

Prononcer cette phrase me faisait mal. Une réconciliation était souhaitable, nécessaire même, pourtant…

–          Si fait madame : la porte de monsieur était grande ouverte. Monsieur s’est endormi sur les comptes de l’intendant.

Tandis que la nourrice restait auprès des enfants, nous la cherchâmes nous-même. Le château était vaste. Marianne se proposa d’aller aux écuries vérifier s’il ne manquait aucun cheval. Je bénissais le ciel de nous avoir donné une telle gouvernante, et maudissais Angélique qui s’était comportée de telles manières hier soir qu’à moins d’être sourde, Marianne eût été dans l’impossibilité d’ignorer la scène qui s’était joué hier.

Nous finissions de visiter le rez-de-chaussée quand un hurlement nous figea sur place. C’était comme si nous nous étions trouvées projetées dans une rivière glacée. D’où provenait ce cri ? Nous n’eûmes pas le temps de nous interroger davantage : une cavalcade, et Marianne devant nous, essoufflée. La pauvre fille nous dit qu’Angélique était morte, là, au pied du rempart.
Nous voulûmes qu’elle se repose, elle nous dit qu’il n’y avait pas de temps à perdre : la mort d’Angélique n’était pas accidentelle, elle avait reçu une balle dans la poitrine.

La voix de Bérénice se tut.

–     Je suis toujours très émue quand je pense à ce que ces deux vieilles dames ont traversé. Isabelle a épousé son cousin, le seul héritier de la famille, et l’a vu mourir lors de leur exil, d’une pneumonie, la laissant seule avec quatre enfants dont l’aînée était tout juste en âge de se marier. Bien sûr, c’était un mariage arrangé, comme tous ceux de l’époque, mais les deux jeunes mariés avaient une affection sincère l’un pour l’autre. Elle avait perdu sa fille aînée, décédée d’une chute de cheval après son mariage et avait dû laisser ses deux petits-enfants à son gendre, qu’elle détestait. Le mariage de son fils était un désastre, sa sœur, veuve elle aussi, vécut avec elle plus souvent qu’en Bretagne où elle peinait à trouver sa place entre son fils, sa bru, et ses très nombreux petits-enfants. L’assassinat d’Angélique aurait pu lui donner le coup de grâce. Elle a relevé la tête, s’est occupée de son fils et de ses petites-filles, et a essayé de trouver le coupable.

–     Vous voulez dire qu’il n’y a pas eu d’enquêtes officielles ?

–     Non. Le médecin a accepté de dire que la mort était accidentelle. La balle était ressortie, et la plaie était due à la chute. Nous étions aux premières heures de la Restauration, et la restitution des biens des aristocrates faisait grand bruit. Il ne fallait pas en rajouter. Angélique portait une robe grenat, bien visible même aux lueurs de l’aube.

–     Qui a été suspecté ?

Ce n’est pas que je m’ennuyais, mais je commençais à grelotter. Je n’aurai rien eu contre une nouvelle tasse de café.

–          J’aurai bien dit « le mari », même si cela ne devait pas être possible pour sa mère.

–          Ce n’est pas possible tout court. Chez les Nanterry, quand nous supprimons un conjoint gênant, nous nous y prenons autrement. Une bonne chute dans les escaliers, un oreiller judicieusement appliqué sur la figure, ce ne sont pas les méthodes indétectables pour l’époque qui manquent. Puis, Louis-Nicolas savait à peine se servir d’une arme à feu, et ne chassait pas – sa mère avait trop peur des accidents de chasse. Il restait l’amant, malheureusement pour notre enquête, celui-ci venait de rompre, et n’avait à craindre qu’un duel avec le mari bafoué. Nous n’avons donc aucun suspect.

–          Un accident de chasse ? proposa François.

–          En pleine nuit ? Je ne crois pas que quelqu’un se serait avisé de chasser quoi que ce soit dans l’enceinte du château.

–          Sait-on ce qu’elle faisait dehors à cette heure-ci ?

–          Non plus. Isabelle et Jeanne ont supposé qu’elle avait rendez-vous avec quelqu’un. Nos aïeules avaient l’imagination aussi développée que la nôtre, elles ont envisagé toutes les possibilités, un nouvel amant, une tentative de fuite, et même de l’espionnage.

–          N’aurait-elle pas pu simplement vouloir prendre l’air ?

–          Guillaume, Angélique de Nanterry était comme vous : très frileuse.

Je ne goûtai pas vraiment cette comparaison. Nous rentrâmes enfin au château et échangeâmes nos points de vue. François voulut voir la balle, qui avait été religieusement conservée. Il mourrait d’envie également de pratiquer un examen des os. Bérénice nous dit que c’était impossible, puisque la tombe d’Angélique ne se trouvait pas dans la crypte familiale. Auprès de Louis-Nicolas reposait sa seconde épouse, Horatia. Elle nous plairait elle aussi, précisa Bérénice, car ils ne possédaient qu’un portrait d’elle, et encore, bien curieux : Horatia tournait la tête, il était impossible de voir son visage. Un autre pan de la légende disait qu’elle était défigurée.

–          Pourquoi ? Comment ? Un autre mystère à éclaircir.

Personnellement, j’avais eu ma dose de mystère et n’étais plus très sûr de vouloir en apprendre davantage sur Angélique, Louis-Nicolas et les morts suspectes chez les Nanterry.

Les jumelles ont un an et cinq jours.

Publié 15 septembre 2012 par Sharon et Nunzi

Je vous avais promis la suite de l’histoire, la voici.

Il y a un an, Tamara et Framboise avaient un an et cinq jours.

Chanel aime beaucoup Tamara, moins Framboise, qui était priée de prendre son autonomie. Elle se promenait donc (à cinq jours) avec Rodéo, mon frère, et Paprika, notre frère de lait. Il arrivait aussi à Chanel d’aller se promener. Etre maman, c’est bien, à mi-temps, c’est plus amusant.