Monsieur le maire est, jusqu’au 30 août au soir, en vacances. Il est en vacances à Granville, jolie ville de la côte normande, avec son compagnon. Les vacances, ce sera jusqu’au bout (surtout quand on est parti en vacances le 24). Seulement, Jean-Robert a eu la tâche difficile de lui téléphoner pendant ses vacances, non en tant que voisin, non en tant qu’ami, mais en tant qu’adjoint au maire.
– Bonjour Loïc, commença-t-il.
Il avait préféré téléphoner plutôt que d’envoyer un email. Ne retardons pas les sujets douloureux.
– Bonjour Jean-Robert, comment vas-tu ?
S’ensuivirent quelques politesses d’usage, des remarques sur la mer, les restaurants de bord de mer, le coup de soleil que monsieur le maire avait pris sur les épaules, parce qu’il avait oublié de remettre de la crème solaire, etc, etc… Enfin, Jean-Robert entra dans le vif du sujet.
– C’est à propos de l’inauguration de la mairie. Je crois qu’il faudra reculer la date.
– Mais pourquoi ? Si jamais le pâtissier ne peut pas livrer les 320 choux à la crème, je m’engage à faire des cookies maison, et même des muffins si nécessaires !
– Non, ce n’est pas tout à fait cela. Vous vous souvenez du cèdre du Liban, ci du côté nord de la mairie.
Loïc fit un effort, se creusa la cervelle, et dit finalement :
– Non, pas vraiment. Je me souviens plutôt du groupe de trois sapins derrière le château. Bon, alors, ce cèdre, qu’est-ce qu’il a ? Il faut l’élaguer ?
– Eh bien, en fait non : il s’est effondré de manière inexplicable sur le toit de la mairie, et le toit, tout comme la terrasse, a souffert de cette chute. Je pense donc qu’il serait bon de retarder l’inauguration jusqu’à la réparation du toit. Cela risque d’être un peu long, surtout s’il se met à pleuvoir. D’ailleurs, nous avons déjà songé à trouver des moyens de protéger le grenier, parce que… monsieur le maire ? Loïc ? Vous êtes toujours là ?