Enfin, les vacances, bien sûr, il faut le dire vite.
Cependant, tout effort soutenu mérite récompense, et après quatre jours d’intense travail et d’autant d’arrachages de cheveux, les louveteaux partirent joyeusement en excursion. Tout allait bien jusqu’à ce que….
– Ah non, mais là, j’en ai vu beaucoup dans ma vie, s’exclama monsieur Tourbière, vraiment beaucoup, mais ça, jamais !
Madame Lecerf et madame Cobert, qui elles aussi en avaient vu d’autres, n’avaient jamais vu cela non plus.
Je vous explique (je suis là pour cela, allez vous me dire) : le chauffeur était sympathique. Très. Sauf qu’il ne connaissait pas la route. Si, si, il savait où il devait se rendre, il ne savait pas quel itinéraire il devait suivre. A vrai dire, il ne connaissait pas l’itinéraire tout court, il supposait qu’il en existait plusieurs pour parvenir à destination. Monsieur Tourbière (professeur nouvellement nommé au pensionnat, et volontaire pour aider pendant les vacances, bref, une bonne recrue) a donc branché la fonction GPS de son portable et guidé le chauffeur, tel un souffleur au théâtre.
Arrivés à destination, les louveteaux aimèrent vraiment beaucoup ce musée, et les ateliers qui y étaient proposés. Le cousin de madame Cobert lui avait pourtant dit : « non, mais, Sharon, là, franchement, tu leur en veux, à tes élèves ? Les emmener dans un atelier découverte de la civilisation pré-lupine en Amérique du Sud, déjà il faut connaître, ensuite, il faut oser » (je cite quasiment mot pour mot et je le remercie pour sa contribution).
Ils leur plaisaient beaucoup, pas au point d’y passer la journée (ils étaient attendus ailleurs), encore moins la nuit.
Le bus avait eu un léger souci – ou un bug, comme dit Alexandra, tentant un jeu de mot.
Le chauffeur avait fait une manœuvre pour sortir du parking. Logique. Normal. Tout va bien.
Il a raté la manœuvre.
Le bus a fini dans la mare sise devant le musée.
– Dommage, dit madame Cobert, celui-ci au moins roulait.
– Oh non, s’exclama Alexandra, il va encore falloir revenir à pattes (oui, en quatre ans de pensionnat, elle en avait connu, des pannes de bus, notamment lors d’une mémorable sortie à l’opéra).
– Non, dit le chauffeur, qui s’était extirpé du bus tout seul – monsieur Tourbière avait néanmoins plongé à son secours, ce qui n’avait en aucun cas coupé le flot ininterrompu de ses récriminations. La compagnie va nous envoyé un autre bus, il faut simplement qu’ils en trouvent un qui a déjà un chauffeur. Le bus ne peut pas venir tout seul.
– C’est bien dommage, grommela monsieur Tourbière, qui tenait toujours à avoir le mot de la fin.
Cette sortie leur offrait de plus un exercice inédit : comment sortir un bus scolaire d’une mare dans laquelle il est plongé ?
