Voici ma participation aux plumes.
Je ne dis pas que je n’ai pas le moral. Non, pas du tout. Après tout, quand on est écrivain, on peut écrire pendant le confinement et pendant le couvre-feu. Encore heureux ! Par contre, si je dois supporter un couvre-feu et un confinement en même temps, je ne réponds plus de rien. A l’âge mûr, je peux retrouver mon adolescence pour exprimer toute ma fureur – en me promenant pendant une heure autour de chez moi, masqué.
J’ai le regret de vous dire que le problème n’est pas d’écrire, mais d’être publié. Je suis résigné à ce que les parutions littéraires soient décalées – c’est pire pour le cinoche. Ainsi, j’ai appris ce matin que la sortie du prochain James Bond est encore décalée ! Dire que ma salle préférée venait tout juste d’être restaurée (soupirs). Des gougnafiers disent que pour les salles, ce n’est pas grave. Pour les multiplexes, je ne dis pas. Pour les petites salles qui subsistent, si.
Ce n’est pas tout, il faut que j’écrive.
Sachant que la moindre scène évoquant le passé a le don de me tordre les entrailles.
Non, pas notre passé ordinaire, qui nous manque tant cependant.
Se souvenir.
Manger un banana split non loin de la Madeleine.
Déambuler en famille dans les rues.
Aller à l’opéra, rentrer plus tard que prévu.
Subir les aleas du direct.
Mais mon imaginaire,lui, m’emmène loin dans le temps, aux XVIIe siècle pour être précis.
Une image apparaît. Ocre, vert foncé, un homme.
Des prairies, de la paille, si vous préférez. Ce sont les aléas de ces flashs colorés qui s’imposent à moi et me font écrire.
Cet homme que je vois se nomme Louis et son histoire est courte. Né en 1722 dans une ferme, il était « dans l’indigence » quand sa seconde femme mourut. Cette homme eut quatre enfants de sa première femme, au moins un de la seconde. Deux d’entre eux parvinrent à l’âge adulte puisqu’ils se marièrent.
Des dates, des faits, des lieux. A moi de remplir tout ce que l’on ne sait pas.