Texte écrit le 31 octobre vers 22 heures. Ruby, après une pause bien mérité, s’est mis en tête de laver tous les chatons qui passaient près d’elle. Et quand je dis « laver », on6 878787878787 (merci Oda) parle bien d’un8 555555555555555555 (merci à nouveau Oda) récurage complet, en bonne et du forme, du moindre chaton qu’elle apercevra (Saphira et Oda en tête). On comprend que, pour certains, c’est « tous aux abris ! » Note : là, elle est en train de se faire belle et d’allaiter Obélix en même temps.
Alexandre Lebrun, alias le gand écrivain, entra en claquant littéralement la porte de sa chambre. Cela lui arrivait très rarement. Perceval comprenait que la correction des épreuves de son nouveau roman le mettait dans tous ses états, il comprenait mal qu’il réagisse ainsi. Depuis le temps que Perceval le connaissait, cela ne lui était jamais arrivé.
– L’hebdomadaire (nous tairons son nom par charité) sort un papier sur moi. Je garde un exemplaire en cas de rupture de stock de papier toilette.
– Oulà, c’était donc si mauvais que cela ?
– Mauvais ? Oui, dans le genre sensationnalisme. Je suis auteur, pas candidat de télé-réalité, j’ai toujours refusé que l’on mêle ma famille à mes écrits, pour preuve, je ne m’inspire jamais de ma famille pour écrire.
Perceval ne put que confirmer. C’était même une condition sine qua non pour les interviews : laisser de côté son fils, sa belle-fille, ses petits-enfants, non qu’il n’ait pas de liens avec eux. Simplement, Alexandre Lebrun se trouvait déjà insupportable, sa famille n’avait pas à supporter en plus des intrusions.
– La charmante journaliste qui signe ce papier se permet de raconter l’histoire d’amour entre mes parents, leur rencontre aux îles Kerguelen, ma naissance, un mois après leur mariage, à Bordeaux puis leur départ pour Saint-Pierre-et-Miquelon, où ils « trouvèrent la mort ». Elle aura simplement pu écrire « où ils moururent » voire même ne rien écrire du tout.
Perceval comprenait mieux maintenant pourquoi Alexandre avait été élevé par sa grand-mère.
– Je ne vois pas l’intérêt de faire pleurer dans les chaumières. Je m’attendais même à ce qu’elle dise que le père de mon ex-femme était mort quand elle avait sept ans, que sa mère était de santé fragile, etc, etc… Elle n’a pas osé, ou alors, elle n’a pas cherché, ce qui est tout à fait possible. Sur ce, je retourne me relire.
Oui, la journaliste était passée à côté de l’écriture du roman, dont il aurait parlé volontiers – il faisait le service, comme il le disait. Il s’était même entraîné au jeu des questions/réponses avec Perceval.
– Alors….Un couple d’hommes s’installe en Espagne. Ils habitent un village, simple, banal, dans la ruelle où ils habitent, se trouve un groupe de trois maisons. Tout est très calme.
– Pourquoi s’installer en Espagne ?
– Parce qu’il faut beau, parce que ce n’est pas loin de la France, parce que la monnaie est la même, et parce que j’avais besoin de soleil et d’orange dans mon décor. Puis, l’un de mes personnages est un professeur d’espagnol à la retraite, c’était un peu son rêve et il a réussi à le faire partager à son compagnon.
– Pourquoi un couple gay ?
– Parce qu’ils existent, parce qu’ils ont toujours existé et je trouve qu’on ne les montre pas assez – comme s’ils n’avaient jamais existé. Accroitre leur visibilité est important pour moi, et tant pis si certains me trouvent illégitimes sur ce sujet.
– Pourquoi un meurtre ?
– Parce que cela peut arriver n’importe où. Parce que déménager, commencer des travaux de rénovation, voir deux/trois fois son nouveau voisin et constater qu’il est en fait mort, assassiné, cela donne envie de remballer ses meubles vite fait !
– Je tiens à vous préciser que j’ai adoré le personnage de la voisine statisticienne retraitée et azimutée.
– Merci ! Quand un événement irrationnel survient, on se raccroche à tout ce qui est rationnel : deux meurtres dans le même hameau, c’est très improbable. Certes, j’aurai pu imaginer un complot d’un riche promoteur immobilier souhaitant racheter le hameau pour en faire un complexe touristique, mais là, mis à part les champs qui ne sont même pas des champs d’oranger mais des champs d’avocat, circulez, il n’y a rien à voir.