Les mots à placer sont Voiture, rue, immeuble, abeille, théâtre, anonymat, animation, pavé, visite, parc, asphalte ou bitume, (asphalte ayant été donné il y a 3 semaines), bus, fuite, flâner, embouteillages, urbain, gare, cohue, chuter, hôpital, constant ou constance.
Mon résumé : Perceval d’Arcy, 65 ans, fier highlander et Baruch de Vaudreuilly, 58 ans, fier normand, préparent le mariage de leurs rejetons respectifs sous les yeux attentifs d’Arthur d’Arcy et de Philippe de Nanterry, arbitres internationaux en disputes familiales. Il y a de l’animation, et ce n’est rien de le dire.
Le théâtre des hostilités s’était déplacé dans le parc. Motif : il était plus difficile de trouver des projectiles à se lancer à la figure entre les chênes centenaires que dans la magnifique bibliothèque du château. Arthur s’était remis stoïquement, après avoir reçu dans l’œil Los Angeles noir, magnifique recueil de nouvelles policières (publié aux éditions Asphaltes). Philippe, lui, s’était pris un coup de cornemuse sur le coin de la caboche. Il avait vécu pire.
Nos deux arbitres commençaient néanmoins à trouver le temps long. Voici un quart d’heure que les belligérants flânaient en s’ignorant superbement ! La visite promettait d’être longue. Enfin, Percy ouvrit la bouche :
– C’est calme, ici.
– Oui, et pourtant, nous ne sommes qu’à cinq minutes en voiture de la ville la plus proche. Et ce sera tellement plus pratique pour le mariage.
– Pardon ?
Et Baruch de se lancer dans des explications dignes d’un guide touristique. La charmante ville voisine, aux rues si bien entretenues, était desservie dix fois par jour par une gare sublime. Une ligne de bus passait non loin de Vaudreuilly ! Les avantages d’un milieu urbain, sans la cohue, sans les embouteillages. De plus, les hôtels foisonnaient et…
– Parce que vous comptez loger LES invités au mariage de MA fille dans un de ces hôtels qui a autant de charme qu’un immeuble abandonné, où l’anonymat se le dispute à l’uniformité ?
– Mon cher Perceval, répondit Baruch du ton avec lequel on s’adresse à un enfant déraisonnable, je ne vais quand même pas loger tout le monde ici ? Ce serait incompatible avec les charges liées aux préparatifs du mariage.
– Mon cher Baruch, répondit Perceval du ton avec lequel il parlait à ses pires ennemis avant de leur envoyer un tronc d’arbre sur la tête, mes trois filles aînées se sont mariées au Tas de Pierre, et nous n’avons pas chassé les invités loin du château.
– Mon cher Perceval, poursuivit Baruch d’un ton encore plus condescendant, c’est bien normal. Pour venir jusque chez vous, il n’est guère qu’une route aux pavés tellement disjoints qu’ils feraient choir tout voleur prenant la fuite de votre château. Cependant, je ne suis pas sûr que les invités qui ont surmonté pareille épreuve survécussent à une nuit passée dans votre demeure.
– C’est n’importe quoi ! s’exclama une voix hélas bien connue de Perceval et d’Arthur, une voix qu’ils n’avaient pas entendu depuis ce fameux réveillon raté du 31e décembre – à croire qu’IL venait avec constance leur pourrir la vie.
– D’un autre côté, reprit cette voix, je suis mort depuis deux cents ans, qu’est-ce qui peut m’arriver de pire ?
Devoir escorter vers l’hôpital le plus proche Baruch de Vaudreuilly, qui avait défailli ? Certes, on s’adresserait ainsi à vous, vous croiriez à une blague. Seulement… Levons l’anonymat de ce charmant vampire… Jonathan (oui, celui qui avait chuté dans une cuve de whisky le soir du réveillon) avait eu le bon goût de prononcer ces quelques mots en faisant la planche, à deux mètres du sol. Ce pauvre Baruch n’avait pas résisté.
Philippe, lui, restait stoïque, bien qu’incroyablement pâle. Perceval, pourtant habitué à des réactions étranges, lui demanda si cela allait.
– Presque aussi bien que le jour où j’ai dû héberger un loup-garou.
Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que Perceval en resta sans voix.