A Kellen Castle, les fêtes de fin d’année sont repoussées à une date ultérieure.Voilà !
Ou plutôt, voilà le panneau qu’avait affiché Perceval devant le tas de Pierre. Simon et Ben, les deux vampires, le trouvaient un peu excessifs. Maintenant…. les deux pasteurs de la paroisse étaient très, mais alors très mal en point (c’est l’euphémisme de l’année, grogna Percy) et si les cinq enfants de Percy étaient là, et en bonne santé, avec leur progéniture…
– Là ? Nous avons encore dû nous replier sur Arcy Castle ! Heureusement que ma soeur et sa famille réveillonnaient en France. C’est vraiment le pompon.
– Ah ? Moi, j’étais persuadé que c’était la chute du donjon qui était…. Je n’ai rien dit, je n’ai rien dit ! s’exclama Simon.
– Je ne vais pas m’en faire pour trois/quatre pierres, non ? Mais quand je pense …. Non, je ne pense plus, cela ne sert à rien. Qui m’aime m’aide à réparer, merci.
Pour faire plus long… le réveillon se déroulait assez bien. Perceval venait de servir le haggis végétarien, quand James (le mari d’Elinor) s’exclama :
– Vous n’en avez pas marre de cuisinier écossais ?
Un grand silence suivit. Même Calpurnia, Lavinia, et Gladys, les trois filles aînées de Perceval, pourtant réputées pour leur qualité innée de bavardage, s’étaient tues.
– J’en aurai marre de cuisiner écossais quand je ne serai plus écossais. Et je suis écossais pour l’éternité.
– Qu’entendez-vous par là ? (James remporta à cet instant le championnat international de questions idiotes).
– Je ne compte pas changer de nationalité après ma mort, mon cher James.
Tout autre que James aurait compris qu’il avait tout intérêt à la fermer. Mais voilà, c’était James.
– Perceval, avec tout le respect que je vous dois, vous êtes anglais.
– James, avec tout le respect que je ne vous dois pas, je suis écossais. L’Écosse est une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni, l’Angleterre est la nation la plus connue, révisez votre géographie !
James allait sans doute continuer ainsi, mais ses deux voisines les plus proches lui broyèrent sans ménagement les deux pieds.
Puis, vint le dessert, la bûche de Noël – et Perceval fut tenté de prendre une vraie bûche et de la balancer à la figure de son beau-fils. Non, pas Lambert, le marie de Calpurinia, pas André, celui de Lavinia, pas Thomas, le compagnon de Gladys, non : James, bien sûr. Il ne faudrait à Percy que dix minutes pour regretter de ne pas l’avoir fait. Et oui, dix minutes, pour que James et Elinor fassent une annonce. Enfin, James, surtout.
– Elinor et moi, nous allons divorcer.
– Non mais, vous vous foutez de nous !
Non, ce n’était pas Perceval, qui avait de la fumée qui lui sortait des oreilles (et des narines aussi, soyons juste). C’était Gladys, un poil scandalisée, qui s’exclamait ainsi.
– Un an de fiançailles, un an de mariage, six mois de séparation, vous ne croyez pas que c’est du foutage de gueule ?
– Vous pouvez parler, vous avez été mariées trois fois.
– Non, dit Lavinia, c’est moi qui ai été mariée trois fois mais je n’ai jamais été aussi égocentrique que vous. C’est le réveillon, flûte, cela n’a donc aucune signification pour vous ?
– Parce que cela en a pour vous ?
Douze « oui » lui répondirent – les plus jeunes petits-enfants étaient de toute façon très occupés avec leurs cadeaux.
– Si cela ne dérange personne, dit Perceval d’une voix qui n’admettait pas de répliques, je vais appeler ma petite soeur pour lui souhaiter un joyeux Noël. J’espère que tout se passe bien pour elle.
PS : du côté français, tout allait bien, Piper, son mari Arthur, ses neuf enfants et j’ai renoncé à compter le nombre de petits-enfants passaient un bon réveillon. Et Guillaume et Juliette Berthier, invités pour l’occasion, aussi.