Les plumes d’Asphodèle – complicité

Publié 25 octobre 2014 par Sharon et Nunzi

c3a9critoire-vanishingintoclouds3Les mots à placer sont : Regard, secret, main, larrons, tiroir, drap, couverture, partager, (se) tramer, connivence, confident, bêtise, proche, rival, neige, empathie, ensemble , amants (au pluriel), nacrer, nomade, noir.

 Je m’appelle Alicia de Smerniakoff et je tiens un salon de thé, Café noir pour chocolat blanc.
J’ai dû renvoyer une de mes serveuses, fille d’une bêtise rare. Elle avait refusé de servir un client, non qu’il eût des exigences rares, mais une apparence déroutante. Quand je la remplaçais, je constatais qu’il était aussi gothique que moi, tout vêtu de noir, des vanités à chaque main.
Nous nous revîmes, nous nous entendîmes même comme larrons en foire. Amitiés, amours ? Il devint mon confident, je partageais un de mes secrets – le plus lourd, pas le pire. Il jeta un regard curieux à mes vinyles (« Les amants de Saint-Jean ? La neige de Claude Nougaro ? »), je rangeai ses affaires dans mes tiroirs.
Oui, nous dormions parfois ensemble – nos draps et nos couvertures en témoigneraient volontiers. Puis, j’aimais ne pas être seule, quand un de ses terribles cauchemars m’assaillaient, quand je me réveillai, tremblante. Une grande connivence nous unissait alors. Il était passé par là lui aussi, à son retour d’un pays lointain.
Un matin, je m’éveillai, et je suis que c’était fini – les rêves noirs. J’avais la réponse qui, nomade, me fuyait depuis huit ans.
– Peux-tu me donner un coup de main ? lui demandai-je simplement.
Nous partîmes à la nuit tombée, ensemble, alors que la lune nacrait la cime des arbres. Je lui indiquai où creuser.
Je prévins ensuite la police, de l’unique cabine téléphonique du village. L’absence de progrès a du bon.
Je pus voir les policiers arriver comme si j’y étais. Quelle ne fut pas ma surprise de reconnaître, fulminant, le commandant Guillaume Berthier. Il descendit de sa voiture en claquant la portière, se demandant ce qui se tramait encore dans ces fichues terres bourguignonnes, espérant qu’il y aurait prescription.
Et bien non, Guillaume, il n’y aurait pas. Ce qui est étendu devant toi est le corps de Diane d’Asmodée, qui vivrait en Amérique du Sud depuis huit ans. Son mari est sous le choc – lui aussi croyait à cette histoire, ou feignait d’y croire, je ne sais. Mes compétences ne s’étendent pas jusque-là.
Je m’appelle Alicia de Smerniakoff et je suis une sorcière.

21 commentaires sur “Les plumes d’Asphodèle – complicité

  • Joli texte de circonstance en cette veille d’Halloween 😉
    Bonne fête Sharon et Nunzi!!!
    Bisous
    Domi.
    Comme je suis arrivée très en retard je me permets de laisser le lien de ma participation 😉

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