Les mots à utiliser étaient anniversaire, mer, secret, marine, pudeur, cacher, bosco, perroquet, mystère, vapeur, marié(e), brouillard, bleu, bâcher.
– Qui a eu une idée pareille ? QUI ?
Personne ne répondit, puisque la question n’attendait pas réellement de réponse. Pourtant, Paul s’y risqua.
– Joseph avait besoin de se mettre au vert.
Percy grogna.
– Que Joseph ait besoin de se mettre au vert, soit. Fallait-il pour autant qu’il loue une péniche, et qu’on l’accompagne ?
Percy, Paul, Arthur et Joseph – quatre éminents membres du club des chasseurs de fantômes, 250 ans à eux quatre. Non, ils ne chassaient pas le fantôme, là, ils accompagnaient plutôt leur ami Joseph, en convalescence après de gros soucis personnels. Jeune marié (enfin… depuis cinq ans déjà), son union battait de l’aile et il avait eu besoin de faire le point sur sa vie personnelle. Au départ, il avait pensé loué un bateau et partir en mer – cadeau d’anniversaire fait à lui-même avant l’heure. Puis, il avait renoncé – ce n’était pas un secret, cela ne servait à rien de le cacher, il n’avait pas vraiment le pied marin, puis, le seul qui avait été dans la marine, c’était Arthur,beau-frère de Percy. Pour les autres, un bosco, un quartier-maître, c’était la même chose. Alors distinguer un capitaine de frégate d’un capitaine de vaisseau, ou un instrument de navigation d’un autre, on oublie !
– Une péniche, c’est sympa, reprit Paul, éternel optimiste depuis 1968.
– Ouais, c’est sympa, grommela Percy. Ce serait encore plus sympa si elle naviguait au lieu de rester à quai.
Joseph était un bleu en matière de navigation. Aussi, il avait bien loué une péniche, mais… à quai. Comme un vaste logement avec vue sur le fleuve. Le premier soir, répugnant à user du confort moderne, Joseph avait tenu à bâcher la chaloupe et à dormir dedans. Ne recouvrons pas d’un voile de pudeur ce qui s’était passé : Joseph était rentré dans sa chambre à trois heures du matin, en éternuant abominablement. Non, il n’avait pas réveillé tout le monde, inutile de le cacher : Percy et Arthur ne dormaient ni l’un ni l’autre, s’attendant à plus ou moins brève échéance à entendre Joseph rentrer. Arthur était cependant le plus chanceux, aux yeux de Percy : il ne s’était engagé que pour deux jours.
– J’en viens à souhaiter être appelé pour une affaire urgente. Oui, je sais, cela fait quatre fois que je le dis, je commence à ressembler à un perroquet.
Le soleil s’était enfin levé – ou plutôt non : le brouillard enveloppait la péniche.
– Pas très grave, avait dit Arthur, nous n’avons pas l’intention de bouger.
– Moi si !! répondit Percy, j’ai bien l’intention d’aller me promener. Si je reste une journée de plus à tourner en rond dans cette péniche, au mieux de la vapeur va me sortir des oreilles, au pire, je vais cracher du feu, et cela fera désordre. Le brouillard va bien finir par se lever, non ?
Ce qui devait arriver arriva. Non, Percy ne se transforma pas en dragon écossais. S’étant fourvoyé sur une belle route de Normandie, un cycliste pédalant un peu trop vite dérapa majestueusement et atterrit sur le pont. Personne ne comprit, lui encore moins, comment cela avait été possible : le mystère était entier.
Énervé comme il était, et par temps de brouillard en plus, ça devait arriver 😉 Bien plaisant, ce texte, pour y fourrer tous les mots et bien d’autres, et surtout beaucoup d’humour et d’amour entre potes
Merci Patchcath.
très drôle 🙂
c’est le démon de la cinquantaine qui les démange?
Je dirai plutôt, dans le cas de Joseph, celui de la soixantaine (ils ont tous plus de soixante ans).
Etant amis de très longues dates (depuis au moins 1968), les autres ont suivi… pour quelques jours..
ah ah ah j’ai pensé la même chose que Adrienne lol
Plutôt, à leur âge, la retraite qui approche
Moi aussi hi hi hi !
Sacré Joseph !!! Une péniche à quai ! 😂😂😂
Oui, Percy se demande ce que Joseph imaginera la prochaine fois. Il a dû se procurer le livre : les hébergements les plus insolites de France et d’Ecosse. Nan… le château hanté…. Il suffit d’aller chez Percy !
😂😂😂
D’ailleurs, on me chuchote dans l’oreille que des chambres d’hôtes hantées, cela existe. A voir pour un prochain texte.
Pourquoi pas ?
Une histoire rocambolesque tout en restant bien arrimé à la terre ferme. « Prudence est mère de sureté », un proverbe qu’il a bien appliqué.
J’ai vu des péniches ou autres embarcations le long des canaux d’Amsterdam. J’ai envié les gens qui y vivaient. C’était trop beau !
Oh mince ! C’est ce qu’on appelle une belle chute !
C’était pas bien grave de ne pas avoir le pied marin pour le coup, l’important c’était vraisemblablement les freins ! Enfin, ça on en saura jamais rien !
Bravo pour cette belle histoire extra et ordinaire !
Bises
Oui, c’est sûr.
Oui, c’était le plus important mais avec le brouillard, le cycliste aurait vu une « grosse masse » et aurait vraisemblablement freiné trop tard.
Merci !
Bises.
Vraiment très sympa cette histoire ! Quelle chute !
Mais ce Percy est un peu conventionnel car vivre à bord d’une péniche a son charme.
Bravo pour cette belle historie d’amitié
Bisous
Merci !
Percy vit dans un château en Ecosse et fait chambre d’hôte pour vampires et loups garous, donc il n’est pas si conventionnel que cela. Puis, il préférerait que la péniche ne soit pas à l’arrêt – cela serait plus sympa de voir du pays.
Bises.
Une péniche à l’arrêt, c’est quand même déjà frayer le chemin vers des aventures marines 🙂 J’ai bien aimé ton récit, surtout la complicité entre les personnages, bien mis en valeur. ça donne envie de mieux les connaître.