Petite reprises des carnets du grand écrivain. Mais, en cette période de vacances scolaires, je n’oublie pas les aventures de Guillaume Berthier.
Petit rappel : Emma et Hippolyte observent la ferme où est morte Emma, des décennies plus tôt. Elle a été rachetée, transformée en maison d’hôte par les descendants de Guillaume, qui était garçon de ferme quand elle y était cuisinière. Lui aussi est revenu, bien vivant et il fait quelques révélations à son petit-fils.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Exactement ce que j’ai dit. Un meurtre a été commis ici.
Guillaume aurait bien précisé : pas qu’ici, mais c’était largement suffisant.
Et Emma, pendant ce temps, ou plutôt son fantôme, on l’aurait presque oublié. Elle s’agitait, elle ne voulait pas y croire, elle hurlait littéralement : « je n’ai pas été assassinée, je le sais, non ?
– Vous, oui. Lui, peut-être pas. Je vous rappelle que votre mort a dû leur sembler inexplicable. »
Guillaume continuait, sans se préoccuper des esprits tournoyant autour de lui, sans se préoccuper aussi des exclamations de ses petits enfants.
– Deux, si je compte madame Gamelin, la femme de mon employeur. Mais elle n’a pas été tuée ici.
Tiens, l’une des pintades – Amélie, en l’occurrence – était capable de parler d’une voix aigre. Elle lui demandait de cesser ses « fariboles ». Etienne haussa le ton, lui disant qu’elle ne devait pas parler à son grand-père ainsi.
– Emma était bien plus jeune que vous quand elle a été assassinée ici, dans cette maison. Vous n’y étiez pas ! Je ne visiterai pas vos chambres, je n’ai pas envie de les revoir, vous avez été capables de les refaire à l’identique.
– Les allemands étaient..
– Ce ne sont pas des allemands qui ont causé sa mort, coupa vertement Guillaume. Ce sont aussi des français qui ont pillé la ferme, et d’autres habitations alentours – même si cela ne se fait pas de le dire, n’est-ce pas ? Je ne suis plus suffisamment croyant pour espérer qu’elle ait trouvé le repos : même sa tombe a été dévastée par les bombardements de 44.
Il reprit, dans un souffle :
– Je suis content, Etienne, que tu aies trouvé ta voie. Pour ma part, je ne rentrerai plus dans cette maison. Impossible.