Voici ma participation de la semaine sur le thème de la transparence. Les mots imposés sont Invisible, fantôme, innocence, introuvable, voile, dentelle, brouillard, psyché, honnête, insignifiant, dessous, eau, politique, nudité, diaphane, visible, cristal, blog, lumière, lagon, briller, vérité, fantaisie, traverser, vagabonder, vapeur, vin.
Pour être honnête, être une fantôme, ou plutôt une fantômette, comme le dit ce cher Guillaume Berthier sur son blog, n’est pas un choix – une adaptation aux circonstances, tout au plus.
Je suis invisible, sauf pour les êtres comme lui. Cela ne me change guère de ma vie : je n’étais visible pour personne.
J’étais une camériste, insignifiante au possible, innocente car ignorante de tout, sauf de l’art de vêtir la nudité des femmes. J’ai passé ma courte vie dans le boudoir de ma maîtresse, la ravissante comtesse de Magny, à prendre soin de ses vêtements, miracles de soie et de dentelles, à l’aider à s’en habiller, à coiffer sa chevelure abondante. Non, je n’écoutais pas ses confidences – elle ne m’en faisait pas.
Etait-elle belle ? Son mari louait son teint diaphane, sa voix de cristal, ses yeux bleus comme un lagon où brillait… Là, il était forcé d’arrêter son éloge, car rien du tout ne brillait dans ses yeux, et surtout pas l’intelligence. Pourtant, elle se prénommait Luce, du latin Lux, lumière.
Comment suis-je morte ? En vérité, j’ai eu subitement un voile devant les yeux, et quand je me suis réveillée, j’étais dans le brouillard le plus complet. J’ai regardé autour de moi, le comte de Magny, et Thomas, le majordome, s’activaient autour d’une personne évanouie. Je voulus m’approcher, je crus qu’une jeune dame avait eu des vapeurs, et qui mieux qu’une camériste pour desserrer les liens des corsets. Puis, ce fut comme si un voile se déchirait. Vous avez sans doute déjà compris que la personne en question, c’était moi !
Pourquoi suis-je devenue un fantôme ? Vous pensez peut-être qu’à 22 ans, je suis morte subitement sans aucune raison ? Ma mort fut violente, je vous en ai déjà assez dit. Ma mort m’appartient.
La suite aussi.
Peut-être que si un défunt m’avait tendu la main pour m’aider à passer la frontière si ténue entre la vie et la mort, peut-être ne serai-je pas ainsi à vagabonder à travers le monde. Personne ne fit cet effort pour moi.
Je parcourus d’abord la France selon ma fantaisie. Je garde un souvenir ému d’une représentation de Psyché, et de ma découverte des dessous du théâtre. Deux siècles et demi plus tard, je découvris le cinéma, en même temps que les humains éberlués. Parmi mes films préférés, L’introuvable avec Mirna Loy, et, plus récemment Les autres. Je vainquis ma peur de l’eau, et du feu : je ne pouvais plus ni me noyer ni me brûler.
Je croisais mes semblables. Tous n’avaient pas les mêmes raisons que moi de rester sur terre : prématurément disparus, ils ne voulaient pas quitter leurs proches. Ainsi de Perceval McKellen, chantre de la politique indépendantiste écossaise, disparu alors que ses enfants étaient bien trop jeunes pour être orphelin. Il est mon ami fantôme le plus cher. J’aime beaucoup sa petite-fille aussi.
Non, pas Imogène, même si elle est sympathique – pour une vivante.
Je parle d’Anita, sa sœur jumelle – adorable pour une morte.
une fantomette bien sympathique …tu nous raconteras sa mort ?
Hélas, non, elle est trop horrible pour être racontée.
Siiiiiiiiiii ! Raconte !
Comme toujours, ces petites pointes d’humour qui parsèment le texte – j’aime.
Le passage à la mort semble doux comme tu le décris, et tu n’es plus jamais seule dans ton état!?
C’est bien d’être un fantôme !!! Mais qui est-elle cette camériste ? Pour connaître aussi bien les personnages de ton histoire … Imogène a une jumelle, hé hé ça ne va pas arranger les choses, le brouillard s’épaissit mais je te fais confiance pour nous éclairer avec ta chandelle toujours allumée ! Bravo Nunzi, un texte tout en mystères, passionnnant jusqu’au bout ! 🙂
Mort violente et elle erre toute seule ? Mais il va falloir y remédier !!!
Pauvre petite créature…
Oh! une gentille fantôme. Alors pourquoi est elle morte? Nous voulons savoir 🙂
ben oui on veut savoir !! tu nous laisses la langue pendante là zut alors !!!!!!!!!
Et bien, voilà un fantôme qui ne s’ennuie pas, et qui est très sympathique en plus… ça demande une suite c’est clair ;0)
Un petit retour en arrière s’impose. Si, si, on veut tout savoir de cette mort violente.
J’adore ton texte (j’ai un faible pour les fantômes), plein d’humour, mais qui donne envie d’en savoir plus 🙂
Simplicité et efficacité sont les mots d’ordres de ce post
La communication entre les fantômes est elle moins compliquée qu’entre les humains ? c’est ce que donne à penser ta fantômette?
C’est plus simple dans le sens où ils ne communiquent pas vraiment entre eux, rien ne les y oblige. Maintenant, si deux fantômes qui n’avaient aucun lien de leur vivant sympathisent, j’ai presque envie de dire que leur amitié est éternelle.
Je crois que tu n’y coupes pas! la prochaine fois il faut TOUT nous dire sur la mort de la camériste! Et ne t’en prends qu’à toi si ton art de conteuse nous rend curieuses!
on voudrait bien savoir pourquoi elle est morte
Et bien Nunzi le message est clair 😆 Il te faut dire à Sharon de nous expliquer le pourquoi du comment de cette mort violente 🙄
Bonne semaine et gros bisous
le mot fantôme t’a particulièrement attirée. Tu nous entraînes dans ton univers en tout cas. Bisous
Comme c’est moi qui l’ai proposé, la moindre des choses était que je m’en serve utilement ;). Merci !
Bises.
J’aime bien la finale « sympathique pour une vivante, adorable pour une morte »
Et bien tu vas devoir y passer ou trépasser de nous dire pourquoi donc cette jeune fille de 22 ans est morte 😉
Bon je ne sais si tu reçois les news de l’annuaire, ça te dit un petit défi Saint Valentin 😉 rien de bien sorcier je te rassure 😉
Bisous Sharon ou Nunzi ou les deux mdr!!!
Domi.
Un nouveau personnage qui promet d’être intéressant. 😀 J’ai hâte d’en apprendre d’avantage sur elle. 😀 Très belle entrée en matière ! 😀